Je vis donc j’apprends – Une vie unschooling

Traduction de « I LIVE THEREFORE I LEARN: Living an Unschooling Life  » de Pam Sorooshian
Traduit de l’anglais par Claire Rakotonimaro

Le unschooling est à la fois facile et difficile à décrire. Le moyen facile est de dire que unschooling signifie « pas d’école »,  mais il est beaucoup plus difficile d’expliquer ce que nous faisons en lieu et place de l’école.

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Unschooling signifie ne pas dépendre des méthodes scolaires. C’est à dire pas de plans de leçon, pas de programme, pas de devoirs, pas de quiz ou tests, pas besoin de mémoriser, et pas de notes. Le parent ne devient pas l’enseignant de l’enfant. On ne recrée pas une école miniature à la maison.

Au lieu de cela, les unschoolers mettent l’accent sur une vie riche et stimulante, une vie ensemble. C’est tout. Vraiment.  Nous ne faisons pas «l’école», au contraire, nous nous concentrons sur une vie remplie d’opportunités, de possibilités et d’expériences. Les enfants humains sont nés apprenants. Littéralement. L’objectif du unschooling est de préserver cet amour de l’apprentissage et cette intense curiosité pendant que les enfants grandissent.

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Comment faisons-nous cela? Dans la pratique, c’est très différent d’une famille unschooling à une autre. « Nous suivons nos intérêts », est l’hymne de l’unschooler. Et, les intérêts de chaque famille permettent tous les types d’apprentissage: histoire, mathématiques, écriture, musique, lecture, sciences, et toutes les choses de la vie réelle qui sont utiles et intéressantes. Mais nous ne les considérons pas comme des «matières». Nous les considérons simplement comme des choses intéressantes, amusantes, fascinantes… quelque chose que nous avons envie de découvrir plus avant… ou pas. Une chose en entraîne une autre et la vie suit son cours et les enfants apprennent et les parents apprennent et la vie est pleine de possibilités partout où nous regardons.

Il est naturel pour les gens d’apprendre, chacun à sa manière. Il est naturel pour les enfants de vouloir comprendre le monde autour d’eux. Ils souhaitent rejoindre le monde des adultes et devenir eux-mêmes des adultes compétents et capables. Ils se démènent pour cela, de la façon qui leur est propre et naturelle. Les parents unschooling travaillent à créer un environnement familial qui soutien le désir naturel de l’enfant d’apprendre et de grandir.

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Chaque enfant est unique. Il fait l’expérience du monde d’une manière qui lui est propre et s’exprime d’une manière différente de toute autre personne. Il n’existe aucun programme dans le monde qui soit conçu spécifiquement et dynamiquement pour un enfant en particulier, mais pourtant le mode de vie unschooling peut fournir une expérience d’apprentissage 100% individualisée. Les unschoolers n’apprendront peut être pas exactement ce que les professionnels de l’éducation et les éditeurs de manuels pense qu’ils devraient-faire, en ce sens, ils ont des lacunes dans leur apprentissage. Mais ils vont aussi apprendre des tas de choses qui ne sont pas inclus dans la listes des « apprentissage standards. » Ce qu’il est important pour une personne d’apprendre n’est pas nécessairement important pour une autre et nous n’avons pas vraiment de moyen de prédire ce qu’il sera important de savoir à l’avenir. Par contre, nous savons que l’apprentissage forcé ou contraint n’est pas durable et que ce qu’on « enseigne » aux enfants ne sera « appris »  de manière durable que si c’est une chose qui les intéresse.

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Les unschoolers gardent également à l’esprit que le calendrier des apprentissage s’étale en réalité sur toute la vie. Nous ne nous inquiétons pas de savoir si un enfant est « au niveau » parce que nous savons que les enfants apprennent tout le temps et qu’ils finiront par apprendre ce qu’ils ont besoin de savoir pour les raisons qui sont les leurs. Nous ne nous inquiétons pas de savoir s’ils vont manquer quelque chose d’important, parce que, si une chose est importante, ils vont s’en rendre compte d’eux même et trouver une façon de l’apprendre.

Un slogan unschooling dit que « vivre c’est apprendre, apprendre c’est vivre ». Les unschoolers ne pensent pas que il y a des moments pour apprendre et de temps ou l’on n’apprend pas. Ils ne divisent pas la vie en temps scolaire ou heures de cours par opposition à du temps de jeu ou temps de loisir. Il n’y a pas de temps extra-scolaire pour un unschooler, chaque minute de chaque jour est un temps d’apprentissage et il n’y a pas de temps distinct consacré à l’éducation.

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Est-ce que le unschooling est fait pour tout le monde? Ma réponse est: «Cela dépend». Je pense que TOUS les enfants peuvent apprendre, grandir et s’épanouir en tant que unschoolers. Mais, je pense aussi qu’il faut une envie intense et beaucoup d’enthousiasme pour la vie pour être un parent unschooling. Etre un parent unschooling est un travail acharné. Par exemple, ils doivent développer un niveau très élevé de sensibilité à leurs enfants pour savoir quoi offrir, quand soutenir, quand s’effacer, comment l’enfant souhaite s’occuper, quel besoin de solitude il a, quand il a besoin d’un coup de pouce ou d’un peu d’encouragements, quand s’impliquer davantage, et ainsi de suite… Et les parents doivent être en mesure d’avoir toujours en tête les centres d’intérêts de leurs enfants, en pensant toujours à ce qui les intéressent, ce qui peux créer une rencontre entre le monde et cet enfant là de manière à ce que ça « clique ». Et il faut beaucoup de confiance que l’enfant va apprendre sans pression extérieure.

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Nous pourrions suivre un programme – je pourrais organiser quelques heures par jour de « travail scolaire », en insistant pour que mes enfants s’y soumettent. Mais j’ai lu tout ce que je pouvais trouver sur l’apprentissage et j’ai 30 ans d’expérience en enseignement et je sais, au fond de moi, que toute contrainte dans l’apprentissage crée soit une résistance ouverte, soit la passivité ou l’apathie, et je ne souhaite aucune de ces choses là pour mes enfants. Apprendre est une chose agréable – ça peut être difficile – mais c’est également agréable. La contrainte est désagréable et apprendre sous la contrainte c’est désagréable, quelque soit nos efforts pour rendre cela intéressant. Les enfants qui n’ont connu que le plaisir d’apprendre sans contrainte font montre d’une incroyable créativité, de confiance, d’intensité, de concentration, de persévérance, de connaissance de soi, et d’un fort sentiment d’être responsable d’eux mêmes.

Tous les parents ne souhaitent pas que leurs enfants grandissent avec de la volonté et un esprit véritablement indépendant. Et, il est pertinent de se souvenir de « faire attention à ce que vous souhaitez ». Si ce que nous voulons, c’est surtout que nos enfants nous respectent et qu’ils adoptent nos croyances et nos objectifs, le unschooling n’est peut-être pas pour nous. Beaucoup de parents ont une définition générale de «succès» dans leur propre tête, et ce qu’ils veulent pour leurs enfants c’est qu’ils atteignent leur version de succès. Beaucoup veulent que leurs enfants soient une preuve vivante qu’ils ont été de bons parents, ils peuvent même être particulièrement intéressés par les résultats qui impressionneront leurs amis, parents et connaissances. Encore une fois, le unschooling n’est probablement pas le meilleur choix dans ces circonstances là.

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Les unschoolers ont aussi des objectifs, qui guident nos interactions avec nos enfants au quotidien. Nous voulons que nos enfants découvrent leur propres passions et qu’ils y sautent à pieds joints, en ayant confiance en eux même et en la vie. Nous voulons que nos enfants sachent, au plus profond d’eux-mêmes, qu’ils sont forts et capables et peuvent faire leurs propres choix individuels. Nous voulons qu’ils soient des libres penseurs autonomes, quitte à s’opposer à la culture dominante et également à la contre-culture. Nous voulons des enfants capables  de penser par eux-mêmes et faire ce qu’ils estiment être juste.

Mais par dessus tout, nous voulons des enfants heureux d’être en vie, aujourd’hui et demain.

Apprentissage « Slow » – ou apprendre lentement

Traduction de l’article de Wendy Priesnitz « Slow Learning » 
Publié dans « Natural Life Magazine, September/October  2011  »
Traduit de l’anglais par Claire Rakotonimaro

Il y a une définition de l’intelligence qui implique la vitesse, les résultats, et la compétition – trouver rapidement la bonne réponse à une question et le faire plus vite que tous les autres. C’est la définition utilisée par l’école, où dire d’un enfant qu’il est « lent » est un terme désobligeant qui au final veut dire « bête ». Pire encore, les enfants qui ne rentrent pas dans les plans de l’école, qui sont distraits ou qui s’ennuient reçoivent une étiquette comme « learning disabled » (handicapé de l’apprentissage), en français « dys… »

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Les enseignants montrent qu’ils attachent une grande valeur à la vitesse-vue-comme-intelligence en félicitant les étudiants qui peuvent répondre du tac au tac, qui peuvent rapidement donner la bonne réponse à une question orale, qui lève la main les premiers, ou qui choisissent la réponse prescrite dans le temps imparti pour un questionnaire à choix multiple.

Malheureusement, les bonnes performances dans ce genre d’environnement scolaire ne garantissent aucunement qu’une personne s’épanouira dans la vraie vie. Et inversement, de nombreuses personnes indiscutablement intelligentes et qui ont réussi dans la vie, comme Albert Einstein obtiennent des performances médiocres dans un environnement rapide et compétitif comme l’école.

Il n’empêche que bon nombre des parents épousent cette définition dès la naissance de leur enfant. Ils mesurent la vitesse avec laquelle il maitrise les compétences, sont fiers quand il apprend à marcher, à lire ou à parler avant les enfants du voisin.

Où est l’urgence?

Cela fait près de 40 ans maintenant que je plaide pour un parentage différent et pour aider les enfants; au départ on appelait ça « homeschooling », puis « unschooling », jusqu’à ce que mon mari Rolf mijote le terme de « life learning » (« apprendre de la vie ») dans les années 1990. Et puis il y a environ 10 ans, j’ai commencé à définir cette façon d’apprendre dans la vie (et sans école)  dans les termes du mouvement « slow » qui a commencé au milieu des années 1980 avec le lancement de l’association Italienne Slow Food par un  écrivain écœuré pas l’ouverture d’une chaine de fast food à Rome. J’ai réalisé que la plupart des écoles gavent les enfants d’un régime pré-emballé de savoirs « fast food » – des faits épars et sans liens les uns avec les autres destinés à être avalés le plus rapidement possible.

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L’apprentissage Slow » implique d’explorer le monde à son rythme, en y prenant du plaisir; en se posant des questions et en comprenant les expériences que l’on rencontre et celles que l’on crée.

L’apprentissage Slow » implique au contraire d’explorer le monde à son rythme, en y prenant du plaisir; en se posant des questions et en comprenant les expériences que l’on rencontre et celles que l’on crée. Il n’est pas orienté vers des résultats rapides et la compétition. Il s’agit plutôt de savoir créer des hypothèses et de les tester et il fait la promotion de la recherche et du dialogue. Il donne du temps pour expérimenter, pour faire ce qu’on appelle traditionnellement des « erreurs » pour revenir en arrière et faire de nouvelles expérimentations. Il laisse du temps pour ce que l’environnement d’apprentissage rapide appelle « rêvasser » ou pire « perdre son temps ». Il croise les genres et les disciplines plutôt que de séparer le savoir en sujets déconnectés les uns des autres. Il est ancré dans les centres d’intérêt; les besoins et le style d’apprentissage de chaque individu. Et il ne ferme pas à 3 heures de l’après midi, à la fin juin, à 18 ans ou 30 ans ou 65 ans.

L’apprentissage slow comprends aussi que les réponses ne sont justes que dans un certain contexte et favorise le processus personnalisé plutôt que le produit public testable. Comme Ellen J. Langer, professeure à Harvard l’écrit dans son livre « The power of mindful learning » (ndtr: « le pouvoir de l’apprentissage conscient ») (Perseus Books, 1998) « Si nous pouvons remiser l’orientation vers le résultat, nous pourrons découvrir que la liberté de définir le processus à plus de signification que l’obtention d’un résultat qui n’a pas de sens inhérent ou de valeur en dehors de cet environnement particulier ».

Un enfant qui a la chance d’avoir des parents qui protègent son droit à un apprentissage « slow » a du pouvoir. Il est responsable de ce qu’il apprends, quand; comment et pourquoi… et il est libre de choisir quelles personnes et quelles expériences l’aideront dans sa quête.

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Il n’y a aucun besoin que qui que ce soit questionne, quizz ou teste le savoir d’un tel enfant parce que les objectifs poursuivis sont les siens. S’il venait à décider de se lancer dans quelque chose pour lequel il lui manque des savoirs prérequis, il aurait les outils nécessaires pour combler ce manque.

Mais au delà ce ça, il sera un leader non conformiste, innovateur, intrinsèquement motivé, curieux, preneur de risque qui n’arrêtera jamais d’apprendre et qui voit l’éducation comme un processus plutôt que comme une destination à atteindre le plus vite possible.

Par quoi remplacer l’école, partie 2

De Pam Laricchia
Traduit de l’anglais américain par Christelle Lafourcade
L’article original : What to do instead of school – Part 2

Reprenons là où nous en étions à la fin de la partie 1. Plongeons vers d’autres suggestions de choses à faire à la place de l’école quand on pratique le deschooling.

Ne précipitez rien

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Désormais, l’essentiel réside dans l’édification de solides relations avec vos enfants. Il s’agit d’apprendre à bien les connaître. Soyez ouvert et permettez-leur de bien vous connaître également. Essayez de toujours avancer dans le unschooling en veillant à ne pas faire trop de changements brusques afin que votre famille ne perde pas pied – vous ne voulez pas les mettre dans une situation trop déstabilisante.

Si vous venez juste de retirer vos enfants de l’école ou si vous avez décidé de ne plus mettre en place un horaire contraignant d’école à la maison, il est probable que votre priorité actuelle consiste à explorer comment ils vont apprendre quand on ne leur impose pas de matière ni la façon d’intégrer celle-ci. Pour que le unschooling fonctionne bien au sein de votre famille, vous devez comprendre comment les gens apprennent en dehors de l’école jusqu’à ce que vous soyez familiarisé avec ça.

Un conseil : pendant cette succession de samedis, ne vous contentez pas de ne pas sortir de cahiers ou de ne pas asseoir vos enfants devant une leçon dans une vidéo en ligne. Veillez aussi à ne pas profiter d’un de leurs moments de spontanéité pour le transformer en « cours ».

Pourquoi?

Parce que cela interrompt leurs pensées, ce qui se déroule dans leur cerveau et les connexions qui s’y forment et parce que cela dérange également la façon dont votre cerveau traite ce qui se passe. Ce que vos enfants retirent d’une activité sur le moment peut être très différent de ce qui se dégage pour vous-même. Et c’est parfaitement bien ainsi. Alors, au lieu de vous précipiter et de risquer de prendre le contrôle, concentrez-vous sur vos enfants. Essayez de relever les indices qu’ils vous offrent – souvent, vous pouvez découvrir ce qu’ils perçoivent et ce sur quoi ils mettent l’accent en observant leur action suivante ou leur prochain commentaire. Guettez ce qu’ils regardent et ce qu’ils apprennent. C’est ce que je veux dire lorsque je parle de « regarder à travers leurs yeux » — ce que je répète assez souvent ;-). En agissant ainsi encore et encore, vous commencerez à vous apercevoir de la manière dont quelqu’un apprend quand il n’est ni contraint ni dirigé. Étudiez attentivement vos enfants. Non seulement vous verrez l’apprentissage en action grâce au unschooling mais, en plus, vous les connaîtrez mieux. Merveilleux!

Et souvenez-vous de laisser le temps qu’il faut à ce processus. Arrêtez-vous dès que vous vous surprenez à essayer de diriger leurs activités ou à les inciter à lire ou à écrire dans un journal une heure par jour. Le mot-clé ici est inciter. Si vous leur proposez de lire et qu’ils se joignent à vous avec joie, c’est parfait! Si vous pensez qu’ils pourraient vraiment aimer écrire ou dessiner dans leur propre journal, sortez ensemble pour aller en acheter un ou surprenez-les en en rapportant un à la maison la prochaine fois que vous allez faire des courses. Le deschooling consiste à découvrir vos motivations et vos attentes, puis à ne pas les charger sur le dos de vos enfants; aidez-les plutôt à découvrir les leurs. Cependant, si vous vous surprenez à glisser vers le rôle de professeur, ce n’est pas la fin du monde. Simplement, arrêtez-vous, rassemblez vos idées et recommencez. Observez ce qui se passe en direct. Je vous avais averti que vous seriez la personne qui aurait le plus besoin de deschooling, n’est-ce pas? Ha! Ha! Mais, je vous promets que vous vous amuserez en observant! Les enfants sont des apprenants extraordinaires lorsqu’ils baignent dans leurs intérêts et dans leurs passions. Et c’est notre cas également.

Accueillez les passions

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Ce qui peut facilement faire trébucher un parent en cours de route, c’est la passion avec laquelle un enfant se plonge dans un intérêt pour lequel on l’avait limité jusque-là. Le plus souvent, je vois des parents s’inquiéter de « trop » de télévision, de films ou de jeux vidéo. Quelle que soit l’activité en question, on peut expliquer cette subjugation par le fait qu’elle a été restreinte. Une fois que la limite est levée, il y a de fortes chances pour que votre enfant en profite et s’y adonne à cœur joie. Et cela risque de prendre du temps pour rattraper celui où la chose était interdite! Il est également possible qu’il craigne que cette trêve ne soit que temporaire, c’est pourquoi il essayera de passer autant d’heures que possible à profiter de l’activité en prévision de la perte de cette liberté au moment où vous changerez finalement d’avis, et ce, surtout si vous avez déjà effectué ce genre d’allers et retours auparavant. Cela demandera du temps pour créer avec lui la confiance que cette liberté ne sera pas révoquée. Quand il commencera à vraiment croire qu’il est libre de choisir ces activités à tout moment et lorsqu’il aura fait le plein de ce qui lui manquait lorsqu’il y avait des restrictions; il se sentira, petit à petit, en sécurité et libre de faire d’autres choix.

Si vous vous trouvez dans cette situation, peut-être que vous pourriez vous poser quelques questions pour cerner le problème. Serais-je inquiet si leur passion était la lecture? Ou un sport? Est-ce le temps qu’ils y passent qui me préoccupe le plus? S’agirait-il de la passion de leur vie sur laquelle ils pourraient passer avec bonheur 10 000 heures? Les lecteurs pourraient-ils devenir des écrivains et les joueurs des programmeurs? Ceux qui visionnent des films seraient-ils destinés à être réalisateurs? Est-ce que je me sens seulement à l’aise si je pense à cette période comme à une formation pour une carrière? Quand j’étais enfant, à quoi ai-je consacré de longues heures? Est-ce devenu une carrière? Si ce n’est pas le cas, ce temps a-t-il été gaspillé? Pour ma part, j’ai investi d’innombrables heures chaque année, pendant treize ans, dans la danse classique, mais je ne suis pas devenue une ballerine pour autant. Est-ce du temps perdu? Certainement pas. C’était la fenêtre à travers laquelle j’en apprenais sur moi-même. Vos enfants sont-ils engagés, heureux et stimulés? Travaillent-ils avec ardeur pour comprendre des choses et progresser? Même s’ils vivent de la frustration? N’est-ce pas plutôt réjouissant?

Il est également possible qu’il s’agisse pour eux de l’outil d’apprentissage qu’ils privilégient pour le moment, et que vous ne voyiez pas cette passion faiblir avant longtemps. Cependant, ce qui est formidable, c’est que, pendant qu’ils s’adonnent à leur passion, vous passerez beaucoup de temps avec eux pour les observer, avoir des discussions ou les aider à explorer leur intérêt. Donc, si cela ne s’efface pas après une certaine période, il est très probable que vous en arriviez à un point où vous serez à l’aise avec cet outil d’apprentissage. Tout peut tenir lieu de fenêtre sur le monde et sur soi.

Analyser les habitudes

En examinant vos motivations, vos attentes, votre compréhension de l’apprentissage et de la vie, il est possible que vous, ainsi que vos enfants, commenciez à remettre en question la myriade de règles qui nous entourent chaque jour. Cela peut être une excellente source de questionnements mais, si le processus devient fatigant, vous pourriez être tenté de baisser les bras en déclarant vos règles familiales nulles et non avenues. S’il vous plaît, essayez d’éviter cela. Je pense que cela risque de ressembler à la perte de stabilité que j’ai mentionnée au début de ce texte. Cela ne serait pas plus plaisant et pourrait même compliquer la situation.

16895407068_cf2341b210_bPourtant, il vaut mieux examiner les règles strictes – au moins quand quelqu’un se rebiffe à ce sujet. Le dîner est à 18 h? On se couche à 21 h? Pourquoi? Quel but est visé ici? Y a-t-il un autre moyen d’atteindre ce but? Parlez des règles, exprimez vos pensées, écoutez attentivement et respectueusement les leurs. Et faites cela dans des moments de détente, non pas lorsque l’énergie des luttes de pouvoir est dans l’air.

Ce qui pourrait vous aider, c’est de changer votre angle de vue en transformant les règles en routines. Prenons l’exemple de l’heure du coucher. Le but est-il d’aller dormir quand on est fatigué? Les circonstances pourraient-elles changer au jour le jour? Est-ce que c’est le cas pour vous? Êtes-vous parfois fatigué à 20 h et, d’autres fois, à 22 h ou à minuit? Qu’est-ce qui serait différent si vous pensiez que l’heure du coucher était une routine pour aider vos enfants à s’endormir quand ils sont fatigués, plutôt qu’une règle fixe avec vos yeux rivés sur l’horloge? Vous semble-t-il raisonnable de les aider à écouter leur corps et à suivre les signaux que celui-ci envoie, plutôt que d’essayer de contrôler ce corps en fonction de facteurs extérieurs? Quelles que soient vos réponses, il est préférable de savoir ce que vous pensez et d’agir en conséquence plutôt que de suivre aveuglément les règles.

Un autre aspect utile du fait de réfléchir en termes de routines plutôt que de règles, c’est que, pour beaucoup d’enfants (et d’adultes!), les routines sont rassurantes puisque l’on sait à quoi s’attendre avec elles. En effet, elles favorisent les transitions : une routine de détente pour se préparer à aller au lit quand les enfants sont fatigués; une routine pour s’apprêter à sortir sans rien oublier; une routine apaisante pour surmonter la frustration, etc. Tout revient à connaître et à comprendre vos enfants. Ainsi que vous-même.

Vous pouvez également consulter les articles sur le thème « En quoi le unschooling diffère-t-il de l’école? ». Il y a un message en particulier que je ne réexpliquerais pas ici concernant les raisons de l’utilité d’éviter les leçons pendant le deschooling. (NDT: l’article auquel Pam se réfère est le dernier dans la série et n’a pas encore été traduit). Si vous êtes curieux de savoir à quoi pourrait ressembler un apprentissage non scolarisé, vous trouverez également des articles sur la façon dont les enfants apprennent à lire, à écrire et à compter en dehors de l’école.

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Soyez patient. Le deschooling est une période de dégourdissement, de croissance, d’analyse, de jeu, d’apprentissage, d’observation, d’exploration et de présence à sa famille. C’est stimulant et magnifique. C’est tout autant du travail que du plaisir. N’oubliez pas de savourer ces moments.

Expériences d’ados unschooleurs français

Il est difficile de trouver des adolescents francophones qui ont vécu le unschooling. Aujourd’hui, je partage avec vous ces 3 interviews que j’ai découvertes ce matin.

Freddy, papa de 3 ados de 19, 16 et 13 ans qui ont toujours fait du unschooling :

Ayla, 15 ans, qui vit le unschooling depuis que sa maman l’a retiré de la maternelle :

Ayla, un an après :

Par quoi remplacer l’école, partie 1

De Pam Laricchia, 13 février 2013
Traduit de l’anglais par Christelle Lafourcade
L’article original : What to do instead of school – Part 1

24834215732_ee9c4a4aab_nVous avez décidé d’essayer le unschooling et cela provoque en vous un tourbillon incroyable composé à la fois d’excitation et d’appréhension! Vous comprenez que vous, ainsi que tous les autres membres de votre famille qui ont fréquenté l’école, allez vous « deschooler » pendant un certain temps.

Seulement voilà, sans l’école, à quoi allez-vous bien pouvoir occuper votre journée entière?

Bonne question! Maintenant, nous allons pouvoir discuter sérieusement d’affaires plaisantes!

Une succession de samedis

Pour vous aider à entrer dans un état d’esprit détendu et ouvert (ce qui est bien meilleur pour votre apprentissage!), essayez de penser à vos journées comme à une succession de samedis. Si vous vous réveillez en pensant : « C’est lundi, il est temps de retourner travailler et d’apprendre », essayez de vous ressaisir avant de mettre ce filtre en place en déclarant : « Oups, j’avais oublié : c’est samedi! »

Que feriez-vous en compagnie de vos enfants si c’était samedi? Les fins de semaine sont généralement consacrées à la détente et au fait de laisser la journée se dérouler sans horaire prédéfini. Vos enfants aimeraient-ils dormir? Voilà un pan merveilleux de la transition par rapport à un horaire imposé : dormir autant que leur corps le réclame. Sont-ils plutôt des lève-tôt? Alors, ils peuvent savourer la beauté du petit matin sans la pression d’avoir à s’habiller, se nourrir et sortir. Sont-ils plutôt un mélange des deux? Alors, ils peuvent apprendre à se connaître eux-mêmes, à découvrir leur propre rythme de sommeil et à trouver comment mieux répondre à leurs propres besoins.

Y a-t-il des endroits que vous et vos enfants avez toujours eu envie de visiter (ou visiter plus souvent), mais vous manquiez de temps pour cela? Maintenant, vous l’avez! Un musée? Un centre de sciences? Une galerie d’art? Chouette! Par contre, souvenez-vous qu’il n’est pas nécessaire de diriger vos enfants pendant ces expositions pour vous assurer qu’ils verront tous les éléments qui les composent. Si vous êtes tenté de le faire, prenez un moment pour vous demander ce que signifie réellement « en avoir pour son argent ». Est-ce une question de quantité ou de qualité? Au lieu de les piloter, suivez leur curiosité. Regardez le plan du site ensemble, discutez avec eux pour savoir ce qu’ils aimeraient voir et faire, laissez-les vous guider, s’ils le souhaitent.16895884010_26cbb962b3_nS’ils sont absorbés et enthousiastes pour un sujet en particulier, laissez-les rester aussi longtemps qu’ils le désirent. Notez que l’apprentissage le plus efficace se passe dans ces conditions! Si vous ne prenez part qu’à trois expositions ce jour-là, super! Ce n’est pas une compétition. Si vous les voyez toutes en un tournemain, c’est bien aussi! Vous avez préféré la variété à l’intensité. Les deux sont parfaitement appropriés : vous suivez les intérêts de vos enfants en observant leur esprit en action. Pour moi, le plaisir au fil du temps réside dans la constatation que chaque visite est unique. Et, en connaissant mieux mes enfants, j’ai commencé à voir des liens entre le déroulement d’une visite et tout ce qui se passait par ailleurs dans leur vie. Tout est connecté. Tout est apprentissage.

Sinon, pourquoi ne pas envisager quelque chose de plus proche de la maison? Un terrain de jeux par exemple. Et si vous exploriez un parc différent de votre ville chaque semaine? Ou alors des sentiers pédestres? Vous pouvez vous y rendre chaque semaine ou tous les quinze jours afin d’observer les changements dus au printemps ou à l’automne. Ou à la saison des pluies.  Vous pouvez acheter des jumelles de vision nocturne et les emmener faire une promenade dans la nature la nuit, pour voir à quel point la nature est différente une fois que le soleil se couche. Trouvez ce qui capte l’attention de vos enfants et livrez-vous à cette activité quand vous en avez l’occasion. Qu’est-ce que ce sera : le bowling, un jeu laser, le trampoline? En prime, les endroits que peuvent fréquenter les familles sont moins bondés pendant la semaine – la plupart des enfants sont à l’école! En ce qui concerne ma famille, nous programmons également nos vacances hors saison; c’est moins onéreux et il y a moins de monde.

Si vous vivez en ville, organisez des excursions au-delà des banlieues et explorez les fermes et les parcs. Effectuez une promenade en calèche. Visitez une plantation de citrouilles en octobre. Si vous vivez en campagne, allez faire un tour en ville et parcourez les attractions qui y sont proposées. Marchez dans ses rues et admirez la taille des bâtiments. Prenez le métro. Furetez partout dans le monde qui vous entoure, pas seulement dans celui qui se trouve devant votre porte.

Déjà fatigué? Ha! Ha! Je vous ai livré un large éventail d’idées pour vous aider à entamer des discussions avec vos enfants et je suis sûre que vous en trouverez bien plus ensemble! D’ailleurs, voici une autre chose agréable à faire avec eux maintenant qu’ils sont à la maison : discuter. Il est très peu probable qu’ils se passionnent pour toutes mes suggestions, et certainement pas pour toutes en même temps. Mais, n’angoissez pas s’ils ne s’intéressent qu’à une poignée d’entre elles. Chacun d’entre nous est unique; partez à la découverte de ce qui plaît à vos enfants.

Rencontrez vos enfants

20666814576_d7aba76cd9_nCela nous amène justement à une partie très importante d’un parcours de deschooling : apprendre à connaître vos enfants. C’est la base sur laquelle vous explorerez le monde ensemble. Que sont-ils en train de faire au moment où leur visage s’illumine? Qu’est-ce qu’ils demandent régulièrement? Quelle nouveauté pourraient-ils avoir envie d’essayer? Qu’est-ce qui les transporte de joie? Quelle activité les absorbe au point qu’ils ne réalisent pas le temps qui passe? Adonnez-vous souvent à ces activités.

Suggérez-leur des occupations apparentées que vous pensez pouvoir leur plaire. Si Bob l’éponge les amuse, aimeraient-ils assembler un puzzle représentant une scène de cette série télévisée? S’ils apprécient un film en particulier, aimeraient-ils regarder des scènes montrant des gaffes de tournage ou un documentaire sur un DVD portant sur la préparation du tournage? Il n’est pas nécessaire que vous le leur demandiez; faites-leur simplement savoir que cela existe et voyez si cela les attire. Par contre, veillez bien à ce qu’il s’agisse d’activités que vous pensez qui leur plairont et non pas d’activités que vous souhaitez qui leur plairont. Comme ce cahier de mathématiques utilisant l’image de Bob l’éponge sur lequel vous louchez au supermarché – gardez le cap du deschooling! S’ils ne manifestent aucun intérêt pour ce que vous leur présentez, ne vous inquiétez pas; vous venez seulement d’apprendre quelque chose de nouveau sur eux. Peut-être que vous avez fait une légère erreur de supposition pour l’instant, ou peut-être que vos enfants étaient occupés et que ce que vous leur proposez les attirera la semaine prochaine, ou le mois suivant, ou l’année d’après. Cela dit, leur monde est maintenant un peu plus grand du fait qu’ils savent qu’une telle chose existe.

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N’oubliez pas tout ce qui peut être fait à la maison où la vie peut également être amusante et intéressante! Quelles sont les occupations préférées de vos enfants quand ils sont en pyjama? Des jeux de société? Des jeux de cartes? Jouer à Twister? À Feu rouge feu vert? Faire du coloriage? Du bricolage? Des puzzles? Construire un fort avec le canapé, des coussins et des couvertures? Sculpter dans la neige après une grosse tempête? Jouer à s’attraper? Faire du hula-hoop? De la pâte à modeler? Jouer avec un ballon à l’extérieur? Au frisbee? Lire des histoires ensemble? Jouer à cache-cache? Dresser une tente dans la cour? Regarder des films? Des vidéos sur YouTube? Faire le poirier ou des culbutes? Jouer à des jeux vidéos? À des jeux en ligne sur l’ordinateur? Préparer des biscuits? Jouer des personnages de séries télévisées? Sans oublier, bien sûr, les jeux de construction en tout genre. De vastes possibilités s’offrent à vous.

Quoi qui leur fasse plaisir, faites-le avec eux. Apportez-leur des morceaux du monde qui pourraient les intéresser.

Souvenez-vous, c’est samedi! Détendez-vous et profitez du temps que vous partagez.

Comment est-ce que, vous, vous apprenez?

Je me souviens que les amies préadolescentes de ma fille lui faisaient remarquer combien sa vie devait être ennuyeuse sans l’école. Qu’est-ce que vous en pensez? Est-ce que cela vous semble inévitable? Ce n’est pas mon avis!

En plongeant avec votre famille dans cette vie amusante (et instructive!), n’oubliez pas de garder du temps pour vous afin de continuer à vous renseigner sur le unschooling. À ce stade, il se peut que vous soyez dépassé! Tant d’informations proviennent de tellement d’endroits :

    • Observer et interagir avec vos enfants
    • Considérer les souvenirs de votre propre parcours scolaire
    • Lire beaucoup sur le unschooling et sur le rôle parental qui soutient ce mode de vie
    • Rencontrer des personnes partageant les mêmes idées pour savoir comment elles abordent les choses
    • Réfléchir aux méandres philosophiques quant à la façon dont vous voulez vivre votre vie
  • Et… questionner, eh bien, tout!

Comment allez-vous relier tout cela pour vous donner une image cohérente du unschooling?

Donc, comment aimez-vous apprendre?

Est-ce plus efficace pour vous à travers l’écriture? En tenant un journal par exemple? Vous pouvez choisir un beau cahier (ou en décorer un vous-même si vous y êtes enclin) afin de le remplir d’observations, de pensées, d’idées pendant que votre famille fait son chemin dans le deschooling. Peut-être préfèreriez-vous créer un blogue, qu’il soit privé à l’attention de vos proches seulement, ou qu’il soit public afin de partager les hauts et les bas de votre aventure avec autrui.

15799422686_96573bf078_nÊtes-vous plus à l’aise en traitant des informations de façon visuelle? Comme en prenant des photos? Vous pouvez vous lancer dans la confection d’albums de photographies en regroupant les images par thème. Vous pouvez également constituer un blogue en photo si vous souhaitez communiquer ce que vous apprenez.

Vous vous instruisez peut-être mieux par le verbal en profitant de conversations avec d’autres personnes engagées dans le même type d’aventure? Vous pouvez trouver d’autres unschooleurs dans votre localité et les inviter à bavarder dans un parc le jour ou dans un café le soir. Vous pouvez assister à des conférences sur le unschooling ou à des rencontres de unschooleurs (il y en a de plus en plus!). Vous pouvez enfin approcher quelques personnes de ce milieu que vous avez rencontrées en ligne et leur demander si elles sont intéressées à des conversations téléphoniques ou par Skype.

Il est possible que vous ayez besoin d’un mélange éclectique de toutes ces idées. Cela dit, trouver comment vous aimez apprendre est une étape salutaire dans le deschooling. Cela aide à découvrir la vaste gamme des façons personnelles d’apprendre en dehors de l’école, ce qui vous prépare à toutes les voies possibles qu’il vous faudra utiliser pour soutenir les explorations et les apprentissages de vos enfants.

Et c’est bien là que réside tout le véritable plaisir du unschooling.


Lire la deuxième partie

Jouer, un sérieux travail

De Sandra Dodd – traduit par Sylvie Martin Rodriguez (révisé par Catherine Forest)
Lien vers l’article original : Playing
La traduction sur le site de Sandra Dodd est ici, elle est republiée sur ce blog avec son autorisation.

8413105658_6968a4fa2e_zJouer peut être un sérieux travail. Jouer est certainement la méthode d’apprentissage principale des jeunes enfants, jusqu’à ce qu’ils aillent à l’école.

Qu’en est-il s’ils ne vont pas à l’école ? Qu’en est-il si, à cinq et six ans, il ne se produit pas de changement majeur dans le style de vie des enfants, et si le jeu continue de progresser naturellement ?

Beaucoup de gens ne sauraient comment répondre à cette question. L’idée que les jeux de bambins puissent progresser naturellement jusqu’à d’autres niveaux sans interruption, sans séparation d’avec la famille, sans professionnels pour dire aux enfants quand, où et comment jouer est étranger à la plupart des gens dans notre culture.

Bien que d’une certaine manière, ce soit un savoir commun. Il y a des unschoolers dont les enfants n’ont pas été à l’école et qui ont continué à jouer.

Récemment, sur une liste de discussion, quelqu’un disait qu’elle comprenait comment les jeunes enfants apprennent à travers le jeu, mais elle se demandait ce qui se passait quand ils deviennent plus vieux et qu’ils arrêtent de jouer ?

J’ai connu des gens qui avaient arrêté de jouer, mais je n’en ai jamais fait partie. Dans ma dernière année de lycée, mon petit ami qui était déjà diplômé a construit une sorte de petite maison dans les bois destinée à être « notre maison ». C’était un trou sous les racines d’un peuplier, un peu dégagé, couvert par des branches et des bâtons trouvés du côté du Rio Grande derrière le lycée. Je séchais mes cours à l’école quelquefois et le retrouvais à cet endroit. Est-ce que c’était mature ? Non, c’était comme au Pays imaginaire. Au collège, j’ai eu un autre petit ami et nous avions le fantasme de vivre dans les années 1600 en Angleterre et de tenir un joli orphelinat paisible, plein de musique.

Il n’a pas fallu longtemps pour que je me retrouve engagée dans des activités médiévales de la Société d’anachronisme créatif, qui est un jeu international grandeur nature sur le thème de la vie médiévale.

Comme dans tous les jeux, il y avait aussi la réalité. Nous avons vraiment fait des choses, appris la musique, fait des recherches, fait des vêtements et des armures. Nous avons cuisiné de la vraie nourriture. Puis, nous avons mis nos nouveaux habits, nos nouveaux noms et avons joué à des jeux élaborés.

21153700523_05ba3833f2_z.jpgMes trois enfants ont grandi entourés par des adultes qui jouaient, qui n’organisaient pas seulement des festins et des tournois, et qui ne construisaient pas seulement des camps médiévaux, mais qui jouaient aussi à des jeux de stratégie, à des jeux de mystère, qui faisaient des bals costumés en dehors de l’Halloween, et qui parodiaient des chansons pendant les longs voyages en voiture.

Peut-être que parce que j’ai continué à jouer, j’ai un avantage, mais je ne pense pas que ce soit pour autant difficile pour les adultes sérieux de retrouver leur côté joueur.

Mais (pourraient penser certains), si vous jouez tout le temps, comment saurez-vous que vos enfants apprennent ? J’ai su que mes garçons avaient appris toutes les règles de sécurité de la natation quand ils ont récité, de façon rythmique, ces règles à l’opposé de ce qu’elles étaient : ne jamais nager avec un copain ; toujours nager seul ; toujours nager sous l’orage ; toujours courir autour de la piscine…

Je n’avais aucune raison de dire : c’est faux. J’aurais gâché leur joie si je l’avais fait. Je n’ai rien dit. J’en savais déjà assez parce que j’avais les renseignements suivants :
Ils connaissaient toutes les règles
2) Ils avaient compris le concept des contraires
3) Ils avaient le sens de l’humour et n’avaient pas peur de l’utiliser.

Comment savez-vous qu’ils apprennent ? Les gens qui posent cette question regardent le monde à travers des lunettes teintées de « scolarisation ». Ces mêmes parents savaient quand leurs enfants pouvaient utiliser une cuillère. Ils savaient quand leur enfant était prêt à boire à la tasse. Ils savaient quand ils ont appris à marcher, à parler et à faire du vélo.

Voilà comment j’ai appris que Kirby connaissait les Huns : il attendait que je l’emmène quelque part, je parlais au téléphone à une maman qui s’intéressait à l’école à la maison et nous parlions des études – je disais qu’elles n’étaient pas nécessaires, que les gens apprenaient tout au long de leur vie. Je lui dis « vous ne pouvez pas « terminer la Chine », et Kirby commenta sèchement : « les Huns ont essayé ».

Donc, dans ma liste mentale, je notais que Kirby identifiait les Huns, utilisant le mot dans une phrase, et qu’il connaissait un peu l’histoire de la Chine.

Mais est-ce que je testais ? Est-ce qu’il me faisait un rapport ? Bien sûr que non. Il faisait juste une blague. C’était suffisant pour moi, pour découvrir ce qu’il savait.

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Toute ma vie, on m’a donné des conseils :
Sois sérieuse
Agis en fonction ton âge
Ne prends pas ça à la légère.

Maintenant que je suis engagée dans le unschooling, je dis aux adultes et aux enfants « prenez ça à la légère. Jouez ».
Jouez avec les mots, les idées, les pensées
Jouez avec la musique
Jouez sous la pluie
Jouez dans l’obscurité
Jouez avec votre nourriture

Mais jouez en toute sécurité. Le jeu est un jeu quand les personnes engagées n’ont aucune objection. C’est un jeu seulement si tout le monde joue.

Les jeux les plus doux peuvent être dangereux. Le tennis est un sport sans contact, mais vous pourriez tuer quelqu’un avec une raquette de tennis. Les échecs sont plutôt passifs, mais l’humiliation peut blesser de façon permanente. Je connais des adultes (et malheureusement des enfants) qui évitent l’humour et qui évitent de jouer parce qu’ils ont été blessés par les prétendus « c’est juste un jeu » des autres.

La connexion entre l’humour et l’apprentissage est bien connue. Des juxtapositions inattendues sont la base d’un certain humour, et encore plus, de l’apprentissage. Cela peut être physique, musical, verbal, mathématique, mais au fond, ce que cela signifie, c’est que les combinaisons ou les résultats inattendus peuvent être amusants.

Il y a des expériences chimiques amusantes, des jeux de mots, des jeux de maths, des textes historiques amusants et embarrassants, et il y a des parodies de pièces célèbres ou de styles artistiques et de musique.

Voici des sources d’inspiration récentes chez nous :

The Transitive Vampire
The Marx Brothers
Animaniacs
Monty Python and the Holy Grail
P.D.Q. Bach
Weird Al
The Reduced Shakespeare Company
Eddie Izzard

A partir de celles-ci et d’autres livres, vidéos et cassettes qui visent à susciter l’hilarité, mes enfants (et mon mari et moi-même) avons appris sur l’histoire, la géographie, la grammaire, la littérature, la musique, la mythologie et la religion. Il n’y a aucun besoin de séparer l’apprentissage du rire.

Pendant que je travaillais à cet article, je me suis arrêtée pour faire des gaufres. Un œuf était cassé dans le carton et avait séché. J’aurais pu le mettre calmement à la poubelle, mais je l’ai amené à Holly et j’ai dit, sur un ton dramatique « cet œuf doit être détruit ». Elle a sauté pour l’attraper, je lui ai dit que je ne savais pas depuis combien de temps il était cassé, et qu’elle pouvait le jeter si elle voulait. Elle s’en alla et je demandais où elle allait le jeter. J’aurais pu faire des suggestions, mais elle avait décidé « sur le balcon ». Le balcon était loin. C’était un bon choix.

Elle a cassé des œufs avant. Ce n’était pas nouveau, mais c’est toujours amusant. Quand elle est revenue dans la cuisine, elle était excitée d’avoir raté sa cible. « J’ai visé la terre, mais j’ai touché la traverse de chemin de fer, il s’est cassé et a explosé ».

24584529329_1bf4c024ea_zS’il y a parmi les lecteurs des gens qui préfèrent des justifications plus savantes pour vivre de manière plus créative et légère, vous devriez lire « conceptual Blockbussing » de James Adams ou « Free Play » de Stephen Nachmanovitch, ou vous pourriez aussi laisser tomber la recherche. Vos enfants deviendront peut-être vos professeurs et vous pourriez simplement prendre la résolution de jouer plus, pour eux. Les avantages que vous en tirerez seront simplement un bonus.

Le juste équilibre

De Sandra DODD – Traduit par Jeanine Barbé
Lien vers l’article original : Balancing in the Middle Ground
La traduction sur le site de Sandra Dodd est ici, elle est republiée sur ce blog avec son autorisation.

img_6285-copyLes gens devraient-ils vivre en haute mer ou au cœur du continent, bien loin des océans ?

Allez, vite, quelle est votre réponse ?

C’était une petite question juste pour vous faire réfléchir. Mais il arrive que des personnes m’adressent ce genre de questions. Dans l’esprit de certains, la phrase « ne croyez pas tout ce que vous lisez » devient « ne croyez rien de ce que vous lisez ».

A mi-chemin, il y a des idées telles que « Adoptez les idées qui vous paraissent sensées et qui semblent fonctionner chez vous après quelques essais ». Ou encore : « N’adoptez pas une idée juste parce que vous l’avez lue quelque part, mais attendez qu’elle soit testée et approuvée, soit par des personnes que vous estimez compétentes, soit par votre propre recherche ou observation.»

Lorsqu’on réfléchit uniquement de façon extrême, l’idée « Il y a plus d’une vérité » devient « Toutes les idées se valent et sont vraies ». Ce n’est pas parce qu’il y a plusieurs vérités que les foutaises n’existent pas !

De même avec les enfants, il n’y a pas plus lieu de les laisser en pleine mer que de leur éviter le contact avec l’eau. Cherchez le point d’équilibre qui permettra à chacun (vous y compris) de se sentir en sécurité, connecté et en bonne santé. Ne rien permettre aux enfants est aussi extrême que de tout leur permettre. Tout faire pour eux est aussi inadéquat que ne rien faire pour eux. Quelque part, au cœur du large (infini) éventail entre le tout et le rien, vous trouverez une palette (somme toute assez limitée) d’idées avec lesquelles vous vous sentirez bien et productif. Au fur et à mesure des décisions à prendre, ce « lieu » deviendra familier et vous le retrouverez de plus en plus facilement.

Les nouveaux unschooleurs peuvent avoir cette sensation de naviguer entre les extrêmes et cela peut prendre un certain temps avant de trouver un équilibre satisfaisant pour toute la famille. Cela prend parfois des années, mais en attendant, il y a moyen de se sentir mieux.

Si les anciennes règles disaient que l’école était vitale et que « l’instruction » (définie comme le programme de l’école idéale) était essentielle, les nouvelles règles devraient-elles stipuler que l’école n’est pas importante et que l’instruction n’est pas indispensable ?

Je ne crois pas que nous fassions disparaître l’école en prenant cette dernière option. L’école est encore là. Un jour, d’une manière ou d’une autre, nos enfants réclameront peut-être d’aller à l’école. En devenant unschooleurs , nous ne renions pas l’importance du savoir, mais nombreux sont ceux qui préfèrent l’idée de « l’apprentissage » avec toutes les possibilités qu’offre ce concept plutôt que le concept plus étriqué d’ « instruction ».

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Ma « nouvelle règle » favorite a toujours été que l’apprentissage passe en premier. Quand le choix de faire une chose plutôt qu’une autre se présente, j’essaie toujours d’aller vers l’activité la plus novatrice pour mes enfants, et la plus fascinante aussi. « Nouveau et différent » bat « nous le faisons tout le temps, au même endroit, de la même façon ». Mais il y a des activités réconfortantes et s’en débarrasser totalement serait aussi astreignant que la routine avec toujours les mêmes activités rassurantes. Aussi cherchons-nous un équilibre. Ou alors nous « trafiquons » la routine et la modifions au point de rendre particulièrement mémorable le truc le plus routinier !

Récemment, un couple a rejoint le groupe unschooling.com et a témoigné du fait que le unschooling ne marchait pas chez eux. Comme beaucoup d’autres personnes avant eux, ils ont raconté qu’ils avaient arrêté l’école et qu’ils avaient arrêté de faire faire quoi que ce soit à leurs enfants. Et à présent, leurs enfants ne faisaient RIEN.

Écartant l’idée d’un fort potentiel dans ce « rien », les parents sont passés de l’étape « nous faisons TOUT faire à nos enfants » à celui de « nous ne faisons RIEN faire du tout à nos enfants ». Et de façon tout à fait intéressante, ça a marché ! : au premier abord, les enfants n’ont RIEN fait. Ou du moins, les parents ne pouvaient pas apercevoir ces nouvelles choses que leurs enfants faisaient.

Plutôt que de virer de façon dichotomique d’un bord à l’autre, le but est d’aller vers un juste milieu, parfaitement inconnu auparavant. Ce n’est pas dit que mon modèle fonctionne partout (car contrairement à ce que certains pensent, il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton), mais voici une façon d’appréhender le problème : soyez attentifs et observez s’il y a un voyant dans votre tête qui clignote « tout » d’un côté ou « rien » à l’autre extrême. Souvenez-vous qu’il est impossible pour quiconque de « tout faire » ou de « ne rien faire du tout ». Essayez de voir ce qui se passe si vous étiquetez ce voyant « trop » ou « pas assez » à la place, et tentez de trouver un point entre les deux. Remplacez les voyants « on/off » dans votre tête par une réglette ou un variateur de lumière !

A présent, reconsidérez aussi votre source d’énergie. Si le pouvoir décisionnaire n’est plus l’exclusivité des seuls parents, la tâche de générer le carburant nécessaire à leur propre apprentissage devrait-elle pour autant revenir aux enfants ? Personnellement, je n’attends pas du tout cela de mes enfants, pas plus que je n’attends d’eux qu’ils assurent leur survie en devenant chasseurs-cueilleurs dans notre cour parce que j’aurais décidé d’arrêter de les nourrir.

L’énergie est partagée et c’est ainsi que le unschooling fonctionne. Que je sois emballée par une nouvelle activité ou que ce soient plutôt mes enfants, il y a dans notre foyer de la nouveauté et de l’excitation à partager.

img_6726-copyCertains parents qualifient le unschooling « d’apprentissage dirigé par l’enfant » et ils en concluent qu’il faut passer d’un mode de vie « dirigé par les parents » à une vie « dirigée par les enfants ». Mais le point d’équilibre se trouve là où la famille tout entière apprend à vivre ensemble harmonieusement. L’harmonie facilite la vie. Quand c’est chaotique, tout le monde est affecté. Tout comme l’harmonie a un effet sur chacun. Dans votre cabas, plutôt que d’emporter six parts sur douze ou une demi-douzaine de l’autre moitié (càd le juste milieu entre rien et la douzaine complète), je vous suggère d’emporter l’harmonie à la place !

L’harmonie exprime la même idée d’équilibre au niveau social. La façon dont vous vous sentez à cet instant précis a un impact sur la prochaine heure, sur la journée et sur tout le cours de votre vie.

Certaines personnes ont rapporté que le unschooling avait amélioré leur vie de famille. Dans chacun des cas que je connais personnellement, faire en sorte que la vie de famille soit meilleure est exactement ce qui fait que le unschooling fonctionne. Alors quid de l’œuf ou de la poule ? Si l’un vient à manquer, l’unité de la vie est rompue.

Peut-être connaissez-vous Lyle, un colistier régulier sur unschooling.com ? Il a écrit ceci: « Le unschooling a eu un incroyable effet positif sur nos vies, et pas seulement dans l’aspect éducatif, mais dans tout ce que nous faisons. Le unschooling a changé notre façon de vivre, de penser et d’appréhender le monde en général. » Un autre jour, il avait écrit : « Quand j’avais onze ans, je rêvais de devenir écrivain (j’en rêve toujours en fait) ».

Lyle écrit très bien et très fréquemment au sujet de son unschooling. Il pourrait aussi choisir de ne rien écrire du tout, ou il pourrait se détacher de sa famille pour devenir un écrivain professionnel en écrivant plusieurs heures tous les jours. Comme de nombreux unschooleurs, Lyle écrit sur des sujets concrets. Il partage ce qu’il a découvert et expérimenté avec d’autres familles qui souhaitent aller vers le unschooling. Son écriture est concrète, car elle a un réel impact sur la réflexion et les actions de plusieurs personnes.

Lyle est écrivain. Quelque part entre ne rien écrire du tout et devenir un riche professionnel comme auteur, plusieurs personnes écrivent et changent la vie de plusieurs autres.

mg_3163-copyDès à présent, quel que soit l’endroit où nous nous trouvons, nous pouvons considérer nos enfants et nous-mêmes comme des auteurs, des poètes, des acteurs, des musiciens, des ingénieurs, des philosophes, des sculpteurs ou des scientifiques plutôt que des potentiels futurs poètes ou scientifiques.

Nous nous trouvons au présent de nos vies, à mi- chemin entre le passé que nous ne pouvons plus changer et le futur que nous ne pouvons qu’imaginer. Il ne s’agit pas seulement de l’année en cours mais du jour d’aujourd’hui ; pas seulement d’aujourd’hui mais de l’instant présent.

Je vous remercie d’avoir passé un moment à me lire, et j’espère que vous profitez des nombreux instants présents avec vos enfants.


Au moment de la première édition de cet article, Sandra avait trois enfants non scolarisés. Kirby, 17 ans, Marty 14 ans et Holly 12 ans. Keith Dodd, le papa, gagne sa vie en tant qu’ingénieur. C’est un artisan du bois, un musicien et un Viking médiéval pour le plaisir.

Déplacer une flaque

de Sandra DODD – Traduit par Jeanine Barbé (révisé par Catherine Forest)
Lien vers l’article original : Moving a Puddle
La traduction sur le site de Sandra Dodd est ici, elle est republiée sur ce blog avec son autorisation

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Cela fait bien longtemps que je me suis faite l’avocate de l’apprentissage naturel et du « unschooling », mais il y a une question à laquelle il est toujours aussi difficile de répondre : « A quoi ressemble une journée typique? » L’essence du concept est d’embrasser ce qui vient tout au long de la journée. Je vais vous raconter deux histoires pour illustrer la méthode (ou plutôt l’absence de méthode).

Un jour, tout en arrosant notre cour arrière, nous parlions de la dynamique des flux sans utiliser explicitement ce mot. Nous observions la vitesse du flux, les tourbillons et les « matériaux » (la nature du sol, la pente de la colline et tous ces trucs!). J’ai dit à mon mari que je savais qu’il aurait ADORE grandir dans un coin à irriguer. Irriguer un verger ou un champ est un immense plaisir pour ceux qui adorent jouer dans l’eau.

Quelques jours plus tard, les enfants et moi nous rendions à une rencontre d’unschoolers et Kirby (11 ans) avait un pistolet à eau dans la main. « Est-il vide ? » ai-je demandé.

« Non. »

« Alors vide-le s’il te plaît, parce que d’autres mamans ne voudront pas voir leurs enfants trempés et ce n’est pas une bonne idée de faire des batailles d’eau sans serviettes ni vêtements de rechange. »

Oulàlà!! Je m’écoutai parler et regardai ce pistolet-gicleur, cette petite chose insignifiante, cent petits grammes d’eau, mais bon….

Alors, Kirby a annoncé qu’il viderait son pistolet par la fenêtre de la voiture, et il le fit en arrosant sa main. Ce faisant, il ajouta que sa main humide dans le vent était beaucoup plus fraîche que si elle était restée sèche.

En arrivant au parc, j’ai constaté que les cent grammes d’eau du pistolet de Kirby auraient été une goutte d’eau dans la mer… Et la mer (ou le lac !) était là, juste sous les quatre balançoires.

En fait, le parc avait été inondé.

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Chaque fois qu’une famille arrivait, je demandais si elle avait une pelle. En vain, hélas. Au bout d’une demi-heure, je me décidai à aller en chercher une ailleurs. Je finis par en trouver deux chez des familles-amies des environs. Dès mon retour, je me mis au boulot et entrepris de pelleter du sable dans l’eau. Pendant ce temps, les enfants se balançaient, et, plusieurs d’entre eux étaient trempés (au moins jusqu’aux genoux) et heureux.

Je claironnai que j’allais déplacer la flaque (le lac sous les balançoires!) et je me mis à creuser un trou. Les autres mamans et leurs enfants s’exclamèrent « Quoi !? » , et vinrent voir puis finirent par me donner un coup de main.

Un grand moment d’hydro-ingénierie !! A tour de rôle, enfants et mamans manièrent pelles et seaux en plastique. Nous drainâmes et comblâmes les flaques en déviant une bonne partie de l’eau dans le trou creusé à cet effet. C’était une ENORME partie de bac à sable, avec plus de quinze participants, bébés et enfants d’âge moyen, et autant d’observateurs. Parfois, les enfants restés sur les balançoires se servaient de leurs pieds pour pousser l’eau vers la « nouvelle flaque » (le trou creusé), faisant des balançoires elles-mêmes des outils de travail pour ce projet !

En dehors des questions concernant la pesanteur, les vagues et les propriétés du « sec » versus « l’humide », il n’y eut pas vraiment de discussion « technique », seulement de la rigolade et des « c’est trop cool ! »

Est-ce qu’on avait « besoin » de déplacer cette flaque? On n’avait même pas besoin de la remblayer avec du sable! C’était un jeu, rien qu’un jeu. J’ai eu subitement envie d’essayer de déplacer une flaque. J’aurais pu le faire toute seule, mais c’était du tonnerre de feu l’aide que j’ai reçue !

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Etait-ce éducatif ? Je crois que ce moment marquera l’esprit de certains pour toujours. Bien au-delà de l’ingénierie, il y avait la nouveauté et la camaraderie de ce projet entrepris spontanément sans aucune organisation formelle. Chacun pouvait s’arrêter de travailler à tout moment, changer de méthode de travail sans consultation aucune et expérimenter un tas de trucs. Tout cela sans frais. Cela fait partie des moments (des demi-heures) tellement captivants que le temps et l’espace semblent moins longs et importants qu’ils ne paraissent en temps normal. Ce fut un moment de pure coopération spontanée, sans stress et hors du temps.

Ce type d’expérience ou d’apprentissage ne peut être planifié. Si un programme et un horaire avaient été prévus, ce moment n’aurait pas été aussi vivant ni aussi spécial.

Certaines personnes se demandent si le unschooling, ce ne serait pas simplement du travail d’équipe. Ca l’est autant que lorsque vous trouvez des figures pentagonales ou hexagonales dans la nature ! Les mathématiciens n’ont pas inventé ces formes que l’on retrouve dans certaines fleurs ou les étoiles de mer, ils les ont simplement observées et baptisées après coup. A posteriori, je peux dire aussi que nous avons formé une superbe « équipe de gestion de l’eau », mais la seule chose que je garderai à l’esprit à l’avenir est de rester alerte, curieuse et ouverte à tout ce qui vient. Cette attitude flexible permet de continuer à voir le merveilleux dans les événements du quotidien qui m’entraînent dans des apprentissages qui ne nécessitent pas de programme préalable. Un papillon dans la cour est tellement plus merveilleux qu’une mouche poussiéreuse fixée dans une boîte, mais vous ne pouvez pas contrôler le premier aussi longtemps qu’il veut voler. Au mieux, il sera juste là l’instant d’un coup d’œil. Le papillon viendra vous visiter dans votre cour selon son propre horaire !

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Je ne fais pas une recommandation générale d’aller traquer les flaques d’eau et de les déplacer! Si vous essayiez, vous passeriez sans doute à côté de cinq autres aventures trépidantes avant de peut-être trouver un parc inondé. Je souhaite à toute personne qui lit ceci, la lucidité de reconnaître ces occasions et j’espère de tout cœur que vous vous amuserez comme des fous dans ces projets et situations très spéciales. Ce sont des moments uniques qui n’appartiennent qu’à vous – à vous et à vos enfants.

Refuser une vie préfabriquée

De Sandra DODD – Traduit par Sylvie Martin-Rodriguez
Lien vers l’article original : REJECTING A PRE-PACKAGED LIFE
La traduction sur le site de Sandra Dodd est ici, cette traduction est republiée sur ce blog avec son autorisation.

24970656465_86e6db8ea0_oCombien de choses faites-vous parce que vous êtes supposés les faire, parce que votre entourage et vos voisins s’y attendent, parce que c’est facile et que nous n’avez pas à y penser ? Combien de ces choses vous mènent, vous et vos enfants, dans une direction positive et saine ?

« Changer de modèles » est une option ! Si vous agissez selon un plan, avec une série de règles et d’attentes, il est possible et même recommandé de changer et de voir les choses différemment. Il s’agit juste d’y réfléchir. Cela ne vous blessera pas.

L’école est-elle le centre de la vie des enfants ? Faut-il qu’elle le soit ?

Le seul but acceptable dans la vie d’un adulte est-il d’avoir la maison la plus chère et de pouvoir acheter des meubles à crédit ?

Cela ne demande pas tellement de changements de considérer la maison et l’éducation comme secondaires et non comme prioritaires. Qu’est-ce qui devrait être prioritaire alors ? La santé ? La joie ? L’unité et l’amour ?

Une partie de la vie pré-fabriquée dont les Américains sont issus comporte l’idée que le bonheur vient après l’université, après l’achat d’une maison, après une nouvelle voiture. Le bâton qui tient cette carotte ne pliera pas. Si le bonheur dépend de la performance et des acquisitions, combien de temps cela va-t-il durer ? Combien de temps votre voiture sera la plus récente, dans votre rue, avant que la tristesse ne revienne ?

24852738092_ecdeaa6982_oVoici un petit changement de modèle à mettre en pratique. Peut-être que le bonheur ne devrait pas être le but premier. Essayez la joie. Essayez l’idée qu’il peut être agréable de cuisiner, de mettre la table, de voir votre famille, plutôt que l’idée que vous serez heureux après le dîner et après avoir tout nettoyé. Je suppose qu’un tel bonheur pourrait durer quelques secondes avant que vous ne regardiez autour de vous et que vous ne voyiez autre chose entre vous et votre bonheur. La joie, pourtant, peut être continue, et ressentie avant, pendant et après la réalisation de vos objectifs.

Le Plaisir – ce mot est difficilement utilisé. Le plaisir est presque considéré comme un péché par certaines personnes. « Vous n’êtes pas là pour avoir du plaisir, vous êtes là pour travailler ». Pourquoi le travail ne peut-il pas apporter de la joie ? Chaque petit moment peut être apprécié : la sensation de l’eau chaude qui coule lorsque vous vous lavez les mains ; la lumière et l’ombre sur le sol ; les formes dans les nuages ; toucher un vieux livre ; la présence d’un vieil ami vous inspirant une joie pure, pour laquelle il n’y a pas de mot.

Lorsque vous ressentez et expérimentez la joie, lorsque vous prenez une seconde par heure pour redécouvrir la joie, votre vie s’améliore avec le souvenir de chacune de vos nouvelles priorités. Vous n’avez besoin de personne pour vous donner la permission, ou pour décider si oui ou non ce qui vous donne de la joie est une source acceptable de plaisir.

Apprendre peut-il être agréable ? Si ça ne l’est pas, cela ne collera pas. La lessive peut-elle être agréable ? Si vous devez faire la lessive et que vous choisissez de ne pas y prendre du plaisir, une heure, ou plus, de votre précieux temps sur terre est perdue. Regarder votre enfant peut-il vous donner de la joie, même lorsqu’il a besoin d’un bain, qu’il a perdu une chaussure, qu’’il n’a pas répondu à une de vos attentes, une de celles qui n’existent que dans votre esprit ?24340095074_154833630f_o Si la réponse est non, un changement de modèle pourrait tous vous aider.

Votre vie vous appartient, et elle est vécue au moment même où vous lisez ceci. N’attendez pas d’approbation. N’attendez pas d’instructions du style : « Ouvrez maintenant le livre de votre vie et écrivez-le ». Éprouvez toute la joie que vous voulez, et aidez vos enfants, vos voisins, vos relations à en trouver aussi. La joie ne coûte rien, si ce n’est une réflexion réutilisable et consciente. Dites à vos enfants qu’elle est recyclable. Ils adoreront !!

Ce qu’apprendre ne peut pas être

De Sandra Dodd
Traduit par Sylvie Martin Rodriguez et Jeanine Barbé (Révisé par Catherine Forest)
Traduction republiée sur ce blog avec l’autorisation de Sandra Dodd (la traduction sur son site est ici)
L’article original en anglais : What Teaching Never Can Be

Pendant des années, j’ai recommandé aux nouveaux unschoolers de ne plus utiliser les expressions « enseigner » ou « apprendre quelque chose à quelqu’un » et de remplacer toutes leurs déclarations et pensées avec des phrases utilisant les mots « il a appris à » en lieu et place. J’ai reçu des critiques virulentes provenant de personnes soutenant que ce n’était pas important, que ce n’était que de la sémantique. Ce qui, pour moi, a commencé comme une théorie est devenu une croyance, puis une conviction. Les unschoolers qui s’accrochent à l’idée « d’enseigner » ou « d’apprendre quelque chose à quelqu’un » handicaperont leur propre compréhension de la manière dont fonctionne l’apprentissage.

14424251416_19e8725753_oAPPRENDRE
Le mot existe
Le concept existe

En anglais, nous nous attendons à ce que les mots aient un sens. Nous attendons d’une chose qu’elle soit un objet. Et d’un verbe qu’il soit une action.

L’action d’apprendre n’est pas simple et claire.

Lorsqu’il existe des paires de mots tels que « cruche et tasse » ou « attaquant et défenseur » ou encore « la balle et le trou » nous postulons que les deux éléments sont complémentaires et font partie d’un tout.
Il existe ainsi (et cela dans plusieurs langues, je suppose) « enseignant et étudiant ». A présent que j’y réfléchis, c’est peut-être en partie un problème de langue anglaise. Parce que dans les langues latines (italienne, française, espagnole, etc.), ils utilisent le mot « maestro » ou ses dérivés. Maître ou maîtresse d’un art ou d’un savoir. Quelqu’un peut être un maître sans disciple ou étudiant. Cela veut dire qu’il excelle. Quelqu’un ne peut pas véritablement être un enseignant sans la présence d’un élève.

Mais de toute façon, nous avons, en anglais moderne, la paire « enseigner et apprendre ».

Si je veux apprendre à quelqu’un comment utiliser les guillemets, je peux parler, lui montrer, plaisanter, dessiner des bonhommes allumettes avec des phylactères, et je pourrais illustrer le concept en chanson. SI cette personne qui est dans la pièce et « reçoit l’enseignement » se met à penser à « comment tailler une pièce d’une arme à feu semi-automatique légale pour en faire une arme automatique illégale, et comment planquer la partie transformée ? », MOI, que suis-je en train de faire ?

Je parle, j’écris, je dessine, je danse et je chante. Mais je n’apprends rien à personne, je n’enseigne pas, je révise pour moi-même quelque chose que je sais déjà. Je joue un rôle, si on peut dire, sans aucune audience. Je joue avec moi-même. Je… hum vous savez…

Donc, si je suis en train de lire un magazine sur les armes à feu, et que quelqu’un vient et me dit : « comment dois-je ponctuer une citation à l’intérieur d’une citation ? ». Je peux lui montrer. S’il ne comprend pas totalement, je peux faire des dessins ou donner d’autres exemples. Quand je perçois qu’il a compris ce qu’il voulait apprendre, je me tais et je retourne à mon magazine, parce que l’action est terminée.

Il a appris. Je l’ai aidé à apprendre. J’étais « l’enseignant », mais je n’ai pas fait le travail qui a consisté à apprendre. L’ « apprenant » a fait ce travail dans sa propre tête. Je pouvais émettre des idées, mais lui seul pouvait entendre et poser plus de questions. Sans son travail actif, aucun enseignement ne pouvait prendre place.

Alors, s’il est vrai qu’ « apprendre quelque chose à quelqu’un » veut dire faciliter l’apprentissage de façon compétente et personnalisée, alors peut-on vraiment enseigner ou apprendre quoi que ce soit à quelqu’un ?

Il y a un texte bouddhiste qui parle d’être l’eau, d’être l’océan. Pensez-y comme s’il s’agissait de pétrir la pâte à pain.

17055689289_0c039d81ca_oUne chose est sûre : apprendre n’a pas d’action pour démontrer ce qu’est apprendre. On ne peut réellement faire entrer une information utile dans la tête de qui que ce soit contre son gré. Les gens peuvent apprendre comme des forcenés, mais on ne peut pas les faire apprendre.

Pétrissez. Les gens apprennent à travers d’autres personnes.

Il y a des gens payés pour enseigner. Certains sont conscients qu’il y a des limites à ce qu’ils peuvent faire. D’autres ne sont pas philosophes et croient que s’ils ont « enseigné » (présenté l’information), seuls les fainéants et les non coopératifs ne parviendront pas à apprendre.

Pétrissez énergiquement.

« Apprendre » est une idée que la plupart des gens comprennent à un niveau basique. C’est un concept que les meilleurs enseignants et les meilleurs homeschoolers (c.-à-d., nous les unschoolers) examinent avec le plus grand soin.

Par exemple, j’ai l’impression d’avoir appris à mes enfants à être gentils et patients. S’ils rejettent cet enseignement, j’aurai lamentablement échoué à leur apprendre tout cela, je les aurai juste formatés. Mais, d’une façon ou d’une autre, je les ai convaincus de croire que ce que je crois est important. De temps à autre, d’une manière ou d’une autre, je persuade les gens de croire que le unschooling marchera et que c’est important. Certains ne parviennent pas à l’apprendre, mais pour autant je continue à chanter et à danser.

Je n’aime pas tellement le jazz, mais la philosophie, les idées, et les apprentissages c’est un peu comme le jazz. Au début, quand on joue d’un instrument, on vous dit comment le tenir, comment souffler/pincer… comment utiliser les clés pour ne pas les abîmer, comment rester debout ou comment s’asseoir, pour vous faciliter les choses et pour conserver l’instrument. Ce sont les Règles… Si vous devenez suffisamment doué avec votre instrument, au point de pouvoir jouer dans le noir, rapidement, tout en discutant, les règles ne s’appliquent plus à vous.

A ce stade-là, vous n’êtes plus ce débutant qui peut accidentellement casser un instrument par ignorance ou par inadvertance. Vous aimez cet instrument et vous le connaissez vraiment bien, et peut-être êtes-vous même capable de le réparer.

Au début, l’instrument était le but sacré, mais à partir du moment où vos talents de musicien sont meilleurs que l’instrument en tant que tel, vous vous situez au-delà des simples règles.

Voici une de ces règles : vous devez être debout pour chanter. Sinon, votre diaphragme est comprimé et ne pourra soutenir vos notes et contrôler votre tonalité. Vous DEVEZ être debout. Les professionnels dans les spectacles de musique et dans les opéras…chantent assis, ils chantent allongés sur des lits, ils chantent en dansant, ils chantent dans toutes sortes de positions. Les chanteurs de folk et les musiciens traditionnels chantent assis dans diverses situations.

Je peux enseigner ou apprendre quelque chose à quelqu’un aussi bien qu’ils peuvent chanter. Alors pourquoi est-ce que je dis qu’enseigner ou apprendre quelque chose à quelqu’un n’existe pas ? Les débutants doivent savoir qu’apprendre n’est pas une chose que l’on « fait subir » à quelqu’un d’autre. Mais plutôt qu’apprendre est une chose à laquelle on peut, éventuellement, avoir la chance d’assister.

17226973006_459dfb6344_oDans les premières étapes, les enseignants en formation, les homeschoolers débutants, les assistants du professeur de karaté (comme mon fils Kirby) et les professeurs de jeux (Marty et Holly ont tous deux récemment « enseigné un jeu » c.-à-d. récité les règles du jeu devant un public) tendent à percevoir l’apprentissage comme un processus séparé de leur propre musique et de leur propre danse.

Dans les étapes plus avancées, ils enseignent, ils apprennent des choses à d’autres personnes, mais il s’agit plutôt de faciliter d’autres apprentissages de la façon la plus compétente et personnalisée possible.

Ce que mes enfants apprennent dans les jeux vidéos

de Stéphanie Meloche
(Article republié ici avec son autorisation. Original sur son blog.)

ATTENTION ! J’EXPLIQUE UNE SOLUTION DU JEU ZELDA SKYWARD SWORD !!! (Pas quelque chose de gros, mais quand même, certains m’en voudraient peut-être d’avoir vendu la mèche alors soyez avertis !)

 

Mes enfants ne sont pas seuls dans une pièce à jouer à des jeux simplement parce qu’ils n’ont rien d’autre à faire ou parce que mon conjoint et moi ne sommes pas disponibles; on ne se sert pas des jeux vidéos comme d’une gardienne, d’un parent ou d’un ami pour notre enfant !

On les accompagne en étant présent, à côté d’eux pendant qu’ils jouent. On discute avec eux, on commente, on les regarde jouer…Parfois on joue avec eux ! On cherche des solutions sur Internet pour eux ; on leur apporte des collations, quand on croit qu’ils ne prennent plus plaisir à jouer (agressivité, frustration) on leur propose une pause…Ou une autre activité intéressante ! Bien sûr, je ne peux jouer autant qu’eux ; mais nous avons aménagé la maison de façon à pouvoir toujours être près d’eux, disponible quand ils en ont besoin !

Concrètement, voici une liste de ce que mes garçons de 8 et 11 ans ont appris ces derniers mois, d’abord dans le jeu Zelda Skyward Sword ;

  • Ils ont pratiqué leur lecture ! Il y a BEAUCOUP de textes à lire (je dirais l’équivalent de trois romans pour jeune adolescent et peut-être plus avec les répétitions) et ont améliorés leur fluidité et leur rapidité de lecture ;
 
  • Ils ont travaillé la compréhension de textes ; pas le choix, si on veut comprendre toutes les énigmes et les directives données par les personnages ;
  • Ils ont travaillé la compréhension du sens des mots selon le contexte ; il y avait beaucoup de mots nouveaux pour eux et ils relisaient (d’eux-même) plusieurs fois en émettant des hypothèses et parfois devaient revenir lire les directives d’un personnage pour chercher une autre signification ;
  • Ils ont acquis beaucoup de vocabulaire ; ils me demandaient souvent la signification de nouveaux mots et comme ils reviennent plusieurs fois dans les textes ils s’en souviennent encore ;
  • Ils ont travaillé la résolution de problèmes (et mon conjoint et moi également ; certains étaient de vrais défis ! ) ; il y a BEAUCOUP d’énigmes, de séquences assez complexes qu’on doit réaliser dans le bon ordre et TOUT le jeu est conçu de manière à ce qu’on doive réaliser plusieurs « quêtes » dans un certain ordre pour « ouvrir » la suite de la quête principale, de nouveaux indices ou d’autres quêtes connexes…On doit revenir plusieurs fois dans les différents mondes pour reparler à des personnages qui ont de nouvelles informations (et on ne le découvre qu’en cherchant et en émettant des hypothèses), ou pour utiliser de nouvelles compétences acquises lors de défis, combats, résolution d’énigmes (comme une plus grande force de notre épée, la capacité de respirer sous l’eau, la détection d’objets, etc.). Il y a entre autre, des casse-têtes assez complexes pour ouvrir des portes qui nous ont donnés du fil à retordre ! Celui-ci par exemple :

 

Chaque carré représente une salle et les rectangles verdâtres des portes ; on doit déplacer les salles de façon à pouvoir passer de l’une à l’autre par les portes (selon où on se situe, ce qui change après avoir réussi à passer chaque salle). Dans chacune des salles, il y a un parcours à réaliser dans le bon ordre exemple : tirer avec notre fronde sur une plante qui laisse tomber une goutte d’eau dans la lave qui se solidifie en petit île rocheuse flottante, monter dessus (elle se déplace toute seule), tuer quelques bestioles pour ne pas qu’elles nous fassent tomber, atteindre avec notre grappin une cible pour s’y accrocher et pouvoir atteindre une autre porte et l’ouvrir, revenir sur nos pas, passer la porte pour actionner un levier (qui fait refermer la porte mais ouvrir une autre), etc. etc. Si la séquence n’est pas parfaitement réalisée en effectuant les démarches aux bons moments (et dans l’ordre, toujours), on doit tout recommencer !

Et celui-là :

 

Chacun des cercles tourne dans un certain sens quand on actionne un bouton avec notre fronde ; certains cercles (les petits) tourne de plus d’un tour et les plus grands de moins d’un tour et ils ne vont pas tous dans le même sens en même temps ! Certains éléments ne bougent pas à certains moments ce qui peut bloquer certaines stalles ; on doit réussir à aligner les stalles et trois sections d’un pont en pierres en une seule ligne en actionnant les boutons dans le bon ordre.

  • Ils ont travaillés plusieurs autres notions comme ; la musique (rythme), le calcul (ramasser des émeraudes et acheter des objets et des potions), la persévérance (recommencer parfois plusieurs fois un même combat ou une longue séquence), leur créativité (parfois on doit chercher vraiment beaucoup et essayer plusieurs choses sans avoir d’indices) ;
Dans cette séquence, les trois yeux regardent dans tous les sens ; lorsqu’on s’approche d’un oeil il se met à nous suivre. L’astuce (qu’on a mis du temps à comprendre !!) consiste à rapprocher une caisse pour la placer à endroit précis qui est exactement le point où se croise les trois espaces où on est assez près des trois yeux en même temps pour qu’ils se synchronisent (ouf ! pas certaine d’être clair là). Bref, par la suite Link doit sortir son épée et faire des cercles devant lui pour « étourdir » les trois yeux, ce qui ouvre la porte !
  • Ils ont développé leur aptitude à se repérer sur un plan et une carte (parfois les cartes comportent différents niveaux de planchers ce qui complexifie la chose) ;
  • Ils ont développé leur capacité à visualiser en trois dimensions (comme lorsqu’ils devaient trouver la façon d’insérer des clés en 3D dans une serrure) ;
  • Ils ont travaillé leur mémoire ; entre autre dans le désert, il y a des chemins sur lesquelles on peut marcher sous le sable mais on ne les voit que sur une carte qu’on doit refermer pour avancer…Et si on marche à côté, on meurt. Il y a aussi toutes les séquences et indices qui ne font sens qu’après avoir réalisé certaines épreuves ; on doit alors se souvenir qui a dit quoi sur la suite des choses si on veut continuer la partie ;
  • Je dois ajouter aussi tous les intérêts, questions et/ou discussions que ce jeu a déclenché ou alimenté ; les pierres précieuses, les jeux de rôles, l’invention d’histoires et d’aventures, les araignées, les dragons (mythologie et légendes), l’aérodynamisme (oiseaux et avions), la conception de dessins en 3D à l’ordinateur (avec le programme sketchup de Google, ils ont essayé de reproduire la clé qu’on voit ci-dessus), le dessin, la couture (ils ont essayé de se fabriquer des chapeaux comme celui de Link), le travail du bois (épées et boucliers), la décoration intérieur (ils ont cherché et trouvé plusieurs images et vidéos de chambres et pièces décorées comme les paysages du jeu et conçu et dessiné la déco de leur future chambre), les volcans, l’architecture, la sculpture…
Voilà un bon résumé…Sûrement pas complet, mais cela peut vous donner une bonne idée ! Dans la deuxième partie de cet article, j’aborderai les apprentissages qu’ils font dans le jeu MINECRAFT ! C’est absolument inimaginable les possibilité de ce jeu qui est génial (du mot « génie » rien de moins) !

Deschooling pour les parents

de Sandra Dodd – Traduit par Sylvie Martin Rodriguez (révisé par Béatrice Mantovani)
L’article original en anglais : Deschooling for parents
La traduction française originale sur le site de Sandra Dodd est ici.
Publié sur ce blog avec la permission de Sandra Dodd.

Comment se « déschooler » expliqué aux parents !

Il était une fois un étudiant expérimenté et sûr de lui qui allait rencontrer le meilleur professeur zen qu’il connaissait, pour lui demander s’il pouvait être son élève. Le maître lui offrit du thé et lui tendit une tasse. Pendant que l’étudiant récitait tout son savoir et tout ce qu’il avait accompli jusqu’à ce jour, le maître continuait de verser le thé, lentement. Le vantard continuait à parler, le maître continuait à verser le thé, jusqu’à ce que l’étudiant se rende compte que sa tasse était pleine et qu’il s’écrie : « ma tasse est pleine ! ». Le maître sourit et dit : « oui, elle l’est. Et jusqu’à ce que tu te délestes toi-même de ce que tu penses savoir, tu ne seras pas capable d’apprendre ».

Weird Al le dit d’une autre manière dans « Everything you know is wrong » (« tout ce que vous savez est faux »). Ce que cela signifie, en terme de « homeschooling », c’est qu’aussi longtemps que vous pensez pouvoir contrôler et ajouter ce que vous savez déjà, il vous sera difficile de vous ouvrir au « unschooling ». Plus vite vous viderez votre tasse, plus vite vous vous ouvrirez aux nouvelles idées avec tolérance, plus vite vous verrez l’apprentissage naturel s’épanouir.

Assez de philosophie…
Comment faire ?

Cela peut-il marcher pour les anciens professeurs ? Qu’en est-il des ingénieurs qui sont persuadés que leurs enfants ont besoin d’une certaines quantité de mathématiques, et d’être très organisés ? Qu’en est-il des mamans qui aiment les programmes et l’organisation ?

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Le deschooling est bien plus nécessaire aux parents qu’à leurs enfants. Je dois encore me débarrasser de tout un tas de manies scolaires et inconscientes, qui refont surface au moment où je m’y attends le moins : je les attrape, je les mets dans une boîte et j’essaie d’oublier.

Voici un moyen de se préparer au deschooling et d’éliminer le stress dû aux pertes de temps lorsqu’on tente de mettre en place le unschooling avec du scolaire :

Pour une rapide mise en place du unschooling : Arrêtez !

Arrêtez de pensez de façon scolaire. Arrêtez d’agir comme un enseignant. Arrêtez de parler de l’apprentissage comme étant séparé de la vie.

Pour une mise en place graduelle (nécessaire pour la plupart de ceux qui ont été élevés de façon scolaire) :

  • Pensez à tout ce que vous avez appris. Vous pouvez faire une liste dans laquelle vous compterez certaines choses comme changer l’huile de votre moteur, ou celle de votre friteuse. Comptez aussi l’utilisation d’une machine à calculer, ou d’une machine à coudre. Comptez le vélo, l’observation des oiseaux. Comptez comment vous avez appris à roter et comment vous avez appris à tourner comme une toupie les yeux fermés, si vous voulez. Pensez à tout ce qu’il était amusant d’apprendre et à tout ce que vous avez appris en dehors des murs de l’école.
  • Regardez certains ou tous les films de la liste ci-dessous. S’ils vous font penser à d’autres films que vous n’avez jamais vus, regardez-les aussi. Regardez ces films avec ou sans vos enfants :
    • Mary Poppins
    • Heidi (avec Shirley Temple)
    • The sound of music (« La Mélodie du bonheur »)
    • Searching for Bobby Fisher (« À la recherche de Bobby Fischer »)
    • La folle journée de Ferris Bueller.

Vous n’avez pas besoin de réfléchir trop profondément au sujet de ces films. Pas de tests, d’analyses ou de comptes-rendus. Laissez simplement les images et les idées vous traverser et flotter en vous. Revenez à ces films un peu plus tard, après avoir unschoolé quelque temps.

  • Souvenez-vous de l’école. Respirez et imaginez l’année que vous avez préférée. Voyez tous les éléments qui la composaient et son organisation. Est-ce que c’est précis ?

OK. Voici comment apprendre à ne pas recouvrir votre vie de unschooling avec tout cela, là où la structure et la terminologie dérangeront la paix et entraveront le progrès. Je vous demande de prendre vos souvenirs d’école, d’y ajouter de la lumière et d’agiter le tout. 

Première phase : « Apprendre » remplace « Enseigner ».

Remplacez toutes les formes du verbe « enseigner » par « apprendre ». Cela impliquera quelques modifications dans la tournure de vos phrases, et quelquefois, vous devrez remplacer et réviser totalement le discours ou l’idée. Remplacez : « Je lui ai enseigné… » par « Il a appris… ». Remplacez : « Je projette de lui enseigner… » par « Quand il apprendra… » (peut-être voudrez-vous, rétrospectivement, réviser vos pensées antérieures. Si vous pensez que vous avez appris à manger à votre enfant, ou à parler ou à marcher, peut-être voudrez-vous remplacer ces souvenirs par « Il a appris à marcher en se mettant debout et en essayant », et ainsi de suite…).

Phase avancée : L’abandon d’une certaine façon de parler

N’utilisez plus aucun de ces mots scolaires : semestre, note, niveau, classe, matière, année scolaire, heures scolaires, jour d’école. N’ayez même pas une minute scolaire. Lorsque l’école sera évacuée, la vie restera.
Prenez une boîte avec un trou. C’est important. Au sens littéral ou imaginaire, si vous êtes timide. Si vous prononcez un mot scolaire, mettez une pièce dans votre « boîte à amendes ». Si vous utilisez ce mot pour vous convaincre que le unschooling ne marchera pas, doublez l’amende.

Quand la boîte est pleine, dépensez cet argent pour votre enfant et vous-même. Une glace, ou un film peut-être… ou un ballon à l’hélium. Surtout pas un cahier d’exercices ou un rapporteur. Si, au bout d’une année, la boîte n’est pas remplie, emmenez toute votre famille dîner dans un bon restaurant que vous ne connaissez pas et fêtez l’évènement !

Phase finale : L’abandon de certaines pensées.

Si seulement ces pensées scolaires effleurent votre esprit, donnez-vous une amende.

Après avoir supprimé les concepts problématiques, vous aurez davantage de place disponible dans votre tête pour votre toute nouvelle conscience du « unschooling ».

  • Changez votre programme. Certaines personnes aiment que l’apprentissage soit fragmenté, uniforme sur une année, une semaine ou un jour. Mais la vie est pleine d’aspérités. Comme dans la théorie du chaos, ou dans les statistiques et les probabilités, il y a des périodes actives et des périodes très calmes qui semblent ne mener nulle part, mais qui, en fait, ont une destination. Pensez à des bonds, des sauts, suivis de pauses.

Au lieu de vouloir un rythme régulier, recherchez les « à-coups ». Quelle importance si un enfant joue du piano pendant une semaine entière en pratiquant deux heures par jour, et qu’ensuite, il en ait marre et qu’il arrête pour le reste du mois ? Tout ne serait pas perdu, fini, ruiné. Quelle importance si un jour, il comprend un concept mathématique ? Allez-vous re-calibrer le niveau auquel vous voulez qu’il travaille ? Ou peut-il faire une pause pour un mois ou un an sans que vous paniquiez ? A l’école, on explique à chaque enfant les tables de multiplication. Ensuite, ils entendent cette même explication encore et encore lorsque le professeur la répète encore et encore dans l’espoir que quelques autres enfants la comprendront aussi ce jour-là.

Le rythme régulier de l’école est un faux-semblant parce que :
1) Il n’est pas réel ;
2) Il n’est pas applicable à un apprentissage naturel.

Faire de l’Histoire 180 fois par an, c’est comme essayer d’apprendre à chanter à un cochon. En une bonne demi-heure, un enfant motivé et curieux (un enfant prêt) pourrait en apprendre autant sur la guerre civile ou sur Apollo 11 que ce qu’il apprendrait en une semaine d’école. Et l’Histoire est tout autour de nous, en permanence. Nous faisons l’Histoire, aujourd’hui même.

  • Observez votre enfant. Observez-le sans aucune attente. Essayez de voir ce qu’il fait vraiment, plutôt que de voir ce qu’il ne fait pas. Si vous tenez vraiment à évaluer l’apprentissage et que vous observez votre enfant avec cette intention, il vous sera difficile d’y voir clair. Observez simplement.

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Lorsque vous aurez fait certains ou la plupart des exercices ci-dessus, que vous ne serez plus tendu à l’idée de savoir si votre enfant pourra éventuellement entrer à l’université, et que vous pourrez entendre les mots « exercices de math » sans penser « peut-être que nous pourrions en essayer certains… », vous pouvez vous considérer comme diplômé de l’Université de Deschooling de Sandra Dodd.

Félicitations !

Ci-dessous, voici la combinaison de votre projet final et de votre voyage d’étude : Louez des films et regardez-les avec vos enfants. Voici la liste que je recommande, mais donnez la priorité à vos préférences. Vous pourriez avoir de meilleures idées :

Spartacus
Le Cid
Ben Hur
Le Roi et moi
Monty Python
Star wars (la totale)
Karaté Kid (les trois d’un seul coup, c’est super !)
Hamlet (j’aime celui avec Mel Gibson)
Roméo et Juliette (celui de Zeffirelli, dans les années 60)
Chantons sous la pluie
Joseph and the amazing technicolor dreamcoat
O Brother
The music man
Last action hero
Galaxy Quest
The miracle worker
Fly away home
Paper moon (recommandé par Holly)

Discutez-en un peu, ou aussi longtemps que vos enfants s’intéressent à la discussion. A cette étape là, vous aurez déjà passé le cap d’avoir besoin de savoir s’il y a quelque chose de valable à apprendre dans ces films, et vous verrez vos enfants apprendre et rire, heureux que vous soyez là.

Prenez du plaisir à apprendre pour le reste de votre vie !